« Everybody wants to be us. » Le Diable s’habille en Prada ou comment comprendre si la culture d’une entreprise est vraiment faite pour vous.

Dans Le Diable s’habille en Prada, le parcours d’Andy montre très bien ce qui se joue lorsqu’on entre dans une culture professionnelle qui n’est pas vraiment la nôtre. Elle n’est ni moins compétente, ni moins motivée. Elle évolue juste dans un univers dont elle ne partage pas les codes.

On sous-estime souvent ce point quand on se sent “décalé” ou “pas à la hauteur”. Parfois, ce n’est pas la performance qui pose problème, mais l’environnement.

Chaque secteur impose sa manière de fonctionner. Dans certains métiers de service, l’apparence fait partie du rôle.

Dans d’autres, c’est la disponibilité ou la capacité à absorber des rythmes intenses. Dans l’industrie, l’approche est souvent directe, orientée solutions et compétitivité. Ce ne sont ni des qualités ni des défauts : ce sont des cultures différentes.

Ce que je vois souvent en coaching, ce sont des personnes très solides, très engagées, qui finissent par douter d’elles simplement parce qu’elles évoluent dans un cadre qui ne leur ressemble pas. Elles se jugent sévèrement… alors qu’elles seraient excellentes ailleurs.

C’est un peu comme demander à quelqu’un qui préfère voler de se sentir parfaitement à l’aise sous l’eau. On peut apprendre, s’adapter, progresser. Mais on sait bien que ce n’est pas l’environnement naturel.

Quand l’alignement est faible, on avance surtout en zone d’effort. Cela peut avoir un intérêt : on développe de nouvelles capacités, on gagne en recul, on renforce sa résistance mentale. Mais cela demande aussi plus d’énergie, une vigilance plus grande, et un ajustement constant. Sur la durée, ce n’est pas neutre.

Le film montre bien que le vrai sujet n’est pas : “Est-ce que je suis assez bon ?” La question est plutôt : “Est-ce que ce cadre me convient suffisamment pour que j’y trouve ma place sans me perdre en route ?”

Toutes les entreprises attendent un minimum d’intégration à leurs codes. C’est normal. Mais cela ne doit pas vous empêcher de vérifier si ce cadre — avec ses exigences, ses usages, ses implicites — correspond à ce que vous êtes et à la manière dont vous fonctionnez.

Andy n’a pas échoué. Elle a compris ce qui lui allait, ce qui ne lui allait pas, et ce qu’elle avait envie de construire pour la suite. Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin pour trouver le bon chemin.